Pour la deuxième année consécutive, Brussels Association for Public Events Operators (Bapeo) organise, avec VisitBrussels, SQUARE Brussels Meeting Centre, Promethea, la Fondation pour les Arts et Architempo, le Brussels Creative Forum (BCF) les 29 & 30 août prochains. Nous vous en parlions dans un autre article. Paul Sterck est l’administrateur-délégué de Bapeo. L’ancien patron du Mirano revient, en compagnie de Véronique heene, sur la genèse de la création du BCF. Et nous donne quelques pistes d’avenir.
Comment passe-t-on du monde de la nuit et des soirées hebdomadaires du Mirano à l’organisation du BCF ?
Paul Sterck : « En juin 2010, j’ai – avec mes 10 actionnaires – effectué la remise du Mirano. Dans l’accord, le repreneur n’avait pas prévu de réengager le personnel. J’ai dû me séparer de 10 temps plein et d’une quarantaine d’extra. Ce fut un moment très difficile. Plus que je ne l’avais imaginé. Pareil lorsqu’on a remis le Claridge en 2012. Il a aussi fallu se séparer de collaborateurs qui m’avaient accompagné pendant des années. Il fallait que je monte un nouveau projet pour tenir debout. J’en suis arrivé à me dire que je devrais faire quelque chose dans la culture. Au début sans savoir quoi. Mais j’avais une frustration : le secteur événementiel bruxellois Business To Consumer n’était pas du tout structuré. J’avais un point de départ. »
Qu’est ce qui a été l’événement déclencheur pour la création de Bapeo ?
P. S. : « C’est une interview de Philippe Close, échevin du Tourisme de la Ville de Bruxelles. Dans L’Echo, il a déclaré que l’événementiel devrait se structurer. C’était le moment de se lancer. J’ai pris rendez-vous avec lui. Puis je me suis mis en quête d’une équipe. Je suis un homme qui aime travailler en équipe. Il a donc fallu trouver les personnes qui pourraient m’accompagner. J’avais déjà croisé Véronique heene. On s’était rencontrés chez Serge Birenbaum. On s’était directement bien entendus. »
Véronique, vous aussi, vous sortiez d’un long bail professionnel ?
Véronique heene : « J’ai en effet passé près de 15 ans à la coordination de Modo Bruxellae. J’avais besoin de changement. Nous nous sommes bien rencontrés. Paul cherchait quelqu’un d’expérimenté dans le secteur des ASBL. J’aime le travail sur le terrain. On a discuté du projet, puis du business model et on s’est mis d’accord sur le fait qu’il fallait rapprocher la culture et l’événementiel à Bruxelles. »
Mais, au départ, vous partiez presque d’une feuille blanche, non ? D’un côté la mode et de l’autre la nuit et la com’…
P.S. : « Oui et non. Après tant d’années, on avait l’un et l’autre quand même de nombreuses connaissances dans le milieu de la culture. Mais il est vrai que nous n’étions pas vraiment étiquetés ‘culture’. Ce qui au final n’a pas été un problème. Si on n’avait pas beaucoup d’amis, on n’avait pas beaucoup d’ennemis non plus. On ne pouvait nous reprocher d’appartenir à telle ou telle chapelle. Cette situation n’était pas neuve pour moi. Lorsque j’ai lancé le Mirano début des années 80, j’ai entendu : « C’est qui ce type qui lance une boîte de nuit ? » A l’époque, j’ai créé une équipe, comme maintenant. On connaît la suite de l’histoire. »
V.h. : « Ce qui est important, c’est notre volonté de mettre ensemble la culture et l’événementiel, pour créer des choses tous ensemble. C’est comme cela qu’est né le BCF. »
Vous avez aussi entendu « C’est qui ce type ? » cette fois-ci ?
P.S. : « Cela n’a pas été facile facile au début car on ne provient pas du monde de la culture. Il a fallu prendre notre bâton de pèlerin et frapper à toutes les portes, une par une. »
V.h. : « Paul connaissait les patrons et moi les équipes qui bossaient derrière. Cela a quand même aidé pour créer des relations de confiance. »
Et le résultat ?
P.S. : « A force de taper sur le clou, on a réussi à avoir 50 stands l’année dernière. Nous avons touché 50% du public qu’on a ciblé. Si je regrette qu’on n’ait pas su assez toucher les Néerlandophones, on a réussi un très beau coup avec notre événement le Réseau des Réseaux qui s’est déroulé le vendredi à 18h, comme ce sera le cas aussi cette année. L’idée est de réunir au cours d’un drink tous les professionnels de la culture et de l’événementiel avec tous les collaborateurs, les sous-traitants… On attendait 600 personnes, il y en a eu 1.200, à ma plus grande surprise. C’est là qu’une partie de mes doutes a disparu. On a beaucoup ramé mais le résultat était au bout. On espère faire mieux cette année. »
Les 29 & 30 août se déroulera la deuxième édition du BCF, à quoi doit-on s’attendre ?
P.S. : « Avec plus de 20.000 événements par an, la vie culturelle, artistique et créative de Bruxelles est impressionnante. Le BCF jouera ainsi le rôle de guide et de vitrine durant deux jours. Au Mont des Arts et dans le Square Brussels Meeting Centre prendront place un Culture Market, un Street Art Village et une série de rencontres professionnelles et de débats (plus d’infos). J’attends beaucoup de ces derniers. J’espère que le secteur dans son ensemble pourra en retirer des effets positifs grâce aux échanges de bonnes pratiques que ces rencontres ne manqueront pas d’engendrer. »
Pour les années qui viennent, quelles sont vos ambitions ?
P.S. : « Tout d’abord, j’ai envie de rester dans le quartier des Arts. L’année dernière, nous étions place des Palais. L’écrin de Square et le Mont des Arts conviennent beaucoup mieux au BCF. Pour le moment, l’événement promeut la culture à Bruxelles. A l’avenir, j’aimerais inviter les autres villes belges et d’autres pays européens. Mon rêve est de faire du BCF un festival de rencontres européennes de la culture. Que Bruxelles devienne un Cannes ou un Venise de la culture. On a tout ce qu’il faut : les hôtels, les salles, le personnel et évidemment une grande histoire culturelle. »
